Déclaration du Nouvel An du Comité central du (N)PCC, janvier 2025


À toutes les personnes animées d’un esprit révolutionnaire au Canada qui cherchent véritablement une alternative à l’ordre en déclin de la bourgeoisie, à tous les vrais communistes, tant ceux du (N)PCC que ceux qui n’ont pas encore trouvé un vrai parti digne de leur activité, et à tous ceux qui luttent déjà pour un monde meilleur, soyons clairs : la détérioration de la situation internationale ne peut pas être ignorée. S’il est habituel pour les marxistes-léninistes de lancer ce genre d’affirmation sans fondement, ce n’est pas le cas ici. Nous assistons aujourd’hui à l’accélération des contradictions interimpérialistes à l’échelle mondiale. Europe de l’Est, Moyen-Orient, Afrique, Asie — l’Alliance impérialiste anglo-américaine (AIAA) et ses rivaux s’affrontent sur un nombre toujours croissant de fronts, par la guerre (Ukraine, Sahel, Soudan, Liban, Syrie)1, mais aussi par la politique (en Moldavie, en Géorgie, dans plusieurs pays d’Amérique latine) et par l’économie via l’initiative chinoise Belt & Road et l’IMEC euroaméricain (Corridor économique Inde-Moyen-Orient-Europe).

Le contexte économique mondial et la concurrence toujours croissante entre les grandes puissances poussent la bourgeoisie des pays impérialistes d’Europe et d’Amérique à accélérer le processus, entamé il y a plusieurs décennies, de destruction des mesures de compromis social adoptées pour démobiliser leur prolétariat local au cours des décennies cruciales entre 1945 et les années 1980. En même temps, après avoir suivi au cours des dernières décennies une politique « du pain et des jeux » dans laquelle des niveaux de vie localement élevés et des concessions sur de nombreuses questions sectorielles et de droits démocratiques (femmes, migrants, LGBT, etc.) — c’est-à-dire le libéralisme culturel — allaient de pair avec le « néolibéralisme » économique, la bourgeoisie fait aujourd’hui marche arrière.

Le premier ministre Trudeau, aujourd’hui démissionnaire, attaqué par ses adversaires dans l’arène électorale et incapable de tromper plus longtemps le peuple avec de belles paroles, a récemment renoncé à sa position historique en faveur de l’immigration massive et s’est joint au chœur pour blâmer les immigrés pour toute une série de problèmes sociaux, à commencer par la crise du logement, désormais indéniable. Jusqu’à récemment, ce discours était marginal, la bourgeoisie cherchant à regarnir les rangs du prolétariat. Aujourd’hui, il tend à dominer au Canada, reflétant les nouvelles conditions dans lesquelles les capitalistes canadiens disposent de suffisamment de main-d’œuvre bon marché et doivent maintenant se concentrer sur l’augmentation du niveau de répression à l’encontre des travailleurs immigrés. Aux États-Unis, la destruction des protections historiques du droit à l’avortement, la campagne croissante contre les personnes transgenres et le désir déclaré du nouveau président Trump de débarrasser l’armée du « wokisme » augurent la « fin de la récréation ». En France, le Rassemblement national est aux portes du pouvoir. Au Royaume-Uni, des ratonnades ont récemment visé des Africains et des Pakistanais. Aux États-Unis, Elon Musk a vraisemblablement fait quelques saluts nazis lors de l’investiture de Trump.

Les deux mobilisations

Que se passe-t-il ? La bourgeoisie impérialiste se prépare à recevoir des coups importants. Les impérialistes anglo-américains restent dominants sur la scène mondiale, mais leur hégémonie est contestée et la crise structurelle du capitalisme, qui ne cesse de s’aggraver, fait que les conditions économiquesest la, même dans les pays impérialistes les plus consolidés, risquent fort de se dégrader encore. Dans ces conditions, le régime de contre-révolution préventive2 est en surchauffe et pourrait se fissurer. Lorsque la contre-révolution préventive échoue, deux alternatives deviennent possibles : la mobilisation révolutionnaire des masses ou leur mobilisation réactionnaire.

Les réactionnaires canadiens Jordan Peterson et le leader du Parti conservateur du Canada et aspirant premier ministre Pierre Poilievre, apparaissant dans leur interview / coup médiatique du 21 décembre 2024, qui a eu lieu à la veille de la démission de Justin Trudeau quelques semaines plus tard. Dans le contexte du déclin des conditions populaires et de l’intensification des guerres culturelles (qu’ils ont tous deux largement contribué à façonner), Peterson et Poilievre ont bâti des carrières et des audiences de plusieurs millions de personnes en se présentant comme l’alternative au libéralisme contemporain et en attisant et en façonnant les divisions réactionnaires parmi les masses. Leur influence croissante représente à la fois un consensus changeant au sein de la bourgeoisie et une désaffection croissante des masses populaires envers le libéralisme

La bourgeoisie des grands pays impérialistes veut mobiliser derrière elle de larges sections du prolétariat et doit donc renforcer les formes réactionnaires de nationalisme. Nous voyons déjà apparaître des formes concurrentes de ce nationalisme dans le cadre de la guerre tarifaire qui s’annonce avec les États-Unis (et dont le Canada semble être sur le point de faire l’objet en date de fin janvier 2025). Dans certains pays, la bourgeoisie commence à mettre en œuvre une politique nataliste répressive, car elle a besoin de futurs petits soldats. De moins en moins capables de distraire les gens avec une simple « culture du divertissement », des fractions de la bourgeoisie tendent désormais à faire des luttes culturelles (contre l’islam, contre les LGBT, etc.) des thèmes autour desquels rallier des secteurs du peuple sans avoir à faire de concessions économiques.

Cette mobilisation réactionnaire des masses, dont la conclusion logique est la guerre interimpérialiste, n’est pas le fascisme. Le fascisme est la dictature ouverte des sections les plus réactionnaires des classes dirigeantes, dirigée contre le prolétariat révolutionnaire. Le fascisme deviendra une possibilité sérieuse si la mobilisation révolutionnaire des masses peut se développer suffisamment pour menacer la bourgeoisie impérialiste. C’est encore loin d’être le cas. Pour l’instant, la classe dirigeante a une avance significative sur les forces révolutionnaires conscientes et même sur l’action spontanée du prolétariat dans la défense de ses intérêts.

Les conditions objectives sont pourtant favorables à la mobilisation révolutionnaire des masses populaires. La dégradation généralisée des conditions de vie et de travail, le recul des droits démocratiques, la préparation de plus en plus évidente d’une guerre interimpérialiste, sont toutes de bonnes raisons pour les travailleurs de se mobiliser. Encore une fois, c’est à notre Parti de s’atteler sérieusement à cette tâche.

Le mouvement socialiste légal, dans son éclectisme, est actuellement incapable de développer la mobilisation et l’organisation des masses dans une direction significative. Face au virage à droite de la politique bourgeoise, nous voyons émerger deux tendances qui l’empêcheront d’accomplir ces tâches.

La première tendance, classique et bien connue de tous ceux qui se souviennent des années Harper, est le suivisme des ailes libérales de la bourgeoisie et de la petite-bourgeoisie. De nombreux « socialistes » autoproclamés réclament le social-libéralisme le plus médiocre pour faire obstacle aux politiques bourgeoises plus dures. En France, depuis plus de vingt ans, les révisionnistes et les sociaux-démocrates appellent régulièrement à s’allier avec n’importe qui pour bloquer le Front national ; aux États-Unis, il y a eu des « socialistes » prêts à soutenir Obama, Clinton, Biden, Harris à tout prix, à tout moment. Sous un gouvernement conservateur de Poilievre au Canada, nous assisterons sans aucun doute à une résurgence de ce type de suivisme.

Au même moment, une nouvelle et dangereuse forme de suivisme se développe dans les rangs de la gauche légale. Nous voyons maintenant émerger une nouvelle tendance de « rouges-bruns » aux États-Unis et au Canada — ou « communistes MAGA » — des clowns qui croient que la gauche devrait s’aligner sur les positions culturelles et sociales de la bourgeoisie de droite parce qu’elles sont censées représenter le « cœur du peuple » qui habite les parcs de maisons mobiles et les HLM. Ces militants pensent faire du judo politique en déployant les méthodes de la droite bourgeoise contre elle-même. En réalité, ils empêchent une organisation indépendante et révolutionnaire du prolétariat. Bien que ces forces soient très faibles au Canada, nous en avons déjà vu quelques exemples et il y a fort à parier que cette forme d’opportunisme continuera à se développer au fur et à mesure de l’évolution de la situation.

La situation politique à travers le pays

Afin de construire la mobilisation indépendante et révolutionnaire de la classe ouvrière, des nations opprimées et de leurs alliés, nos interventions politiques doivent être basées sur l’investigation sociale et l’analyse de classe (ISAC) d’un bout à l’autre du pays. Le travail sur le terrain et la participation active à la lutte des classes dans tout le pays sont les seuls moyens de formuler une analyse et des appels à l’action qui reflètent les aspirations et le niveau actuel de la conscience de classe des masses populaires dans leur ensemble. C’est précisément dans cet esprit d’investigation que nous partageons ici les notes de terrain soumises par des organisateurs du Parti et des sympathisants à travers le pays. Bien qu’elles ne couvrent pas l’ensemble du pays, nous croyons que ces notes sont suffisantes pour donner un aperçu de la myriade de façons dont les conditions politiques générales décrites ci-dessus se manifestent à travers l’immense masse continentale qu’est le Canada.

1. La Colombie-Britannique

La Colombie-Britannique abrite deux des trois villes les plus chères du Canada (Vancouver no1, Victoria no3); l’immobilier représente 18,4 % du PIB de la province; et la valeur des biens immobiliers continue de monter en flèche avec la croissance des fonds d’investissement immobilier (REIT). Les promoteurs de la « jet set » et une foule de chefs d’entreprise multinationaux, avec leurs professionnels juridiques et techniques, élisent domicile dans les centres urbains et font des montagnes et de l’océan leurs terrains de jeu luxueux, avec pour toile de fond la pauvreté de la classe ouvrière. Le salaire minimum provincial est de 17,40 dollars par heure, alors que le salaire de subsistance estimé pour la région métropolitaine de Vancouver a grimpé à 27,05 dollars par heure. Alors que le taux de chômage est le deuxième plus bas du Canada (5,7 %), l’inflation et la spéculation immobilière alimentent une crise du logement d’une ampleur dévastatrice. Les nouveaux travailleurs immigrés représentent 46 % de la main-d’œuvre en Colombie-Britannique, tandis que les conditions de travail continuent de se détériorer alors que les emplois sont de plus en plus précaires et que les travailleurs eux-mêmes sont blâmés par les médias pour les maux sociaux du capitalisme. Les travailleurs partagent avec nos organisateurs la détérioration de leur situation, beaucoup dormant dans leur voiture et s’en sortant à peine.

Les régions rurales de la Colombie-Britannique représentent 95 % du territoire de la province, et les industries de ressources — qui comprennent la production d’énergie, l’exploitation minière, la foresterie, l’agriculture et le transport — représentent encore 12,5 % du PIB provincial, évalué à 37,7 milliards de dollars3. Les secteurs des ressources et du transport sont à la base des industries manufacturières et de la construction, qui contribuent à un autre 46,6 milliards de dollars (ou 15,3 %) au PIB de la province. Les pressions exercées sur l’économie des ressources proviennent en partie de la baisse de l’industrie de la foresterie, due en partie aux tarifs douaniers sur les importations au sud de la frontière et à la perte d’infrastructures et de compétences essentielles due aux fermetures d’usines (16 usines ont fermé leurs portes rien qu’en 2024). Pourtant, selon certaines spéculations, la foresterie offre des possibilités de fabrication à valeur ajoutée; les gisements de minéraux sont riches et le champ de pétrole de schiste du nord-est de la Colombie-Britannique est le plus grand du Canada. Le BC Pipeline d’Enbridge, qui part de Fort Nelson, transporte 55 % du GNL produit dans le nord de la Colombie-Britannique vers Sumas et la frontière américaine. Alors que certains producteurs de l’industrie des ressources et de l’industrie manufacturière se sont confrontés à une pénurie de commandes aux États-Unis en raison de la menace des tarifs douaniers de Trump, les producteurs de GNL ne ressentent pas la même pression grâce à Trump. Les militants contre les changements climatiques soulignent à juste titre que l’extraction et la consommation de combustibles fossiles attisent les flammes des catastrophes climatiques. Cependant, ignorer les questions centrales de savoir qui consomme quoi, et dans quel but exacerbe les antagonismes entre les ouvriers du secteur des ressources et ceux qui espèrent protéger leurs communautés des conséquences des changements climatiques. Il y a un besoin d’une analyse matérialiste de ce que la production par et pour le peuple pourrait signifier pour lutter contre les changements climatiques.

À trois heures de route de Vancouver, le paysage politique et économique de la Colombie-Britannique change radicalement, et les élections provinciales d’octobre 2024 ont clairement montré qu’une polarisation politique s’accentuait le long de cette frontière. Le NPD du premier ministre David Eby est parvenu de justesse à former un gouvernement majoritaire : son influence est urbaine et côtière, et il ne détient des sièges que dans de petites poches de circonscriptions à l’est et au nord du Lower Mainland. Bien qu’Eby et son groupe parlementaire soient censés défendre des positions progressistes — en s’opposant à la privatisation des soins de santé, en favorisant la reconnaissance des droits des autochtones et l’équité des sexes et des salaires, et en s’attaquant aux catastrophes climatiques que sont les incendies, les inondations et les glissements de terrain qui ont dévasté les communautés de la province ces dernières années — le NPD expose son propre opportunisme politique et se montre incapable d’apporter des changements substantiels et durables. Frustrés par l’inaction du gouvernement, qui ne s’attaque à aucun problème de manière efficace, les jeunes électeurs se tournent vers la droite. Les conservateurs de la Colombie-Britannique, sous la direction controversée de John Rustad, ont failli remporter les élections grâce à leur programme de « gros bon sens » qui promettait de réduire la réglementation environnementale, de soutenir l’industrie des ressources et d’améliorer les salaires des familles de travailleurs grâce à l’afflux d’emplois qualifiés. Cette situation a encore exacerbé les guerres culturelles au sein de la population.

Et tandis que les dirigeants des principaux syndicats et de la Fédération du travail de la Colombie-Britannique maintiennent leur relation historique avec le NPD provincial et fédéral en tant que « défenseurs des travailleurs » (le NPD a introduit quelques lois légèrement favorables aux travailleurs, comme le congé de maladie obligatoire de cinq jours), le mouvement syndical, sous pression, est de plus en plus décrit comme étant une « course vers le bas » et le NPD est loin d’offrir de véritables alternatives tangibles. Les banderoles « Fuck Trudeau » sont restées monnaie courante, tandis que des plaintes sur les échecs politiques des politiciens et leur abandon de la classe ouvrière sont sur les lèvres des masses. Donc, les conditions nécessaires à la lutte des classes mûrissent. Des grèves dans les grands ports ont bloqué des flux de marchandises à la hauteur de plusieurs milliards de dollars. En décembre 2024, lors d’un sondage organisé par des ouvriers et auquel ont répondu plus de 700 postiers en grève, 83 % d’entre eux ont soutenu la poursuite de la grève et l’appel à des grèves politiques illégales au mépris du droit du travail. Fidèles à ces principes, à la suite de la décision dégoûtante des Libéraux de forcer les postiers à reprendre le travail, des postiers militants ont demandé aux organisateurs syndicaux d’établir des piquets de grève illégaux et ont continué à fermer des dépôts de distribution. C’est une petite indication parmi tant d’autres qu’une fenêtre de possibilités est en train de s’ouvrir et qu’il y a une faim de lutte de classe qui franchit la digue de la politique ordinaire !

En décembre 2024, des travailleurs et des syndicalistes militants de la Colombie-Britannique défient la loi spéciale du gouvernement Trudeau, qui brise les grèves, en lançant des piquets de grève solidaires contre les centres de traitement de Postes Canada à Richmond et à Vancouver Woodland (voir ci-dessous).

2. L’Alberta

L’Alberta a le taux de chômage le plus élevé des Prairies, soit 7,5 %. Dans les villes d’Edmonton et de Calgary, le taux de chômage est encore plus élevé, avec respectivement 8,3 % et 7,9 %4. L’Alberta (à égalité avec la Saskatchewan) a également le salaire minimum le plus bas de tous les provinces et territoires du Canada, avec 15 $/h, un salaire minimum qui n’a pas été augmenté depuis 20185. (Comparez cela au salaire minimum fédéral de 17,30 $/h6.) Bien que le salaire médian des travailleurs de l’Alberta soit relativement plus élevé que celui des autres provinces (30 $/h)7, le coût de la vie dans les principales villes de Calgary et d’Edmonton a augmenté de manière significative, faisant régulièrement la une des journaux depuis la pandémie. Calgary connaît une bulle immobilière qui pèse de plus en plus sur les locataires et les propriétaires de la classe ouvrière, compte tenu des pressions inflationnistes exercées sur les prêts hypothécaires. De novembre 2023 à novembre 2024, le coût moyen d’achat d’une maison a augmenté de 11,4 % (de 445 541 $ à 496 348 $)8. Le loyer mensuel moyen d’un appartement à une chambre à coucher en Alberta a atteint 1 565 $ (une augmentation de 3 % entre novembre 2023 et novembre 2024)9.

Quand Trump a initialement annoncé la menace de tarifs douaniers de 25 %, la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, a réagi en affirmant qu’elle « nationaliserait » l’industrie pétrolière et gazière dans la province10. Cela semble avoir été une manœuvre grandiloquente puisque Smith est sous le feu de critiques au sein de son parti et qu’elle perd constamment du capital politique. L’Alberta a également institué récemment sa propre patrouille frontalière, en faisant appel à des shérifs, en réponse aux délires de Trump sur la migration illégale provenant de la frontière canadienne11. Dans ce climat politique, la classe dirigeante politique conservatrice continue d’alimenter des sentiments réactionnaires à l’égard des travailleurs migrants, ainsi que contre les droits des LGBT. Notre investigation sociale à Calgary et à Edmonton indique que le prolétariat multinational n’adoptait pas massivement ces positions.

Autre fait marquant de nos notes de terrain : la répression du mouvement de solidarité avec la Palestine a été, à notre connaissance, pire à Calgary que dans n’importe quelle autre grande ville du Canada. Au cours de l’année écoulée, la police a régulièrement eu recours à la violence physique et à des arrestations indiscriminées, ainsi qu’à des tentatives éhontées de porter des accusations criminelles pour des actions protégées par la Charte canadienne. Notre hypothèse est que l’Alberta, et Calgary en particulier, est un terrain d’essai dans ce pays pour que le régime de contre-révolution préventive change de tactique et expérimente une plus grande utilisation de la force et des limitations accrues des droits civils et des droits de l’homme.

3. La Saskatchewan

Le taux de chômage de la Saskatchewan est inférieur à la moyenne nationale (5,6 %). À égalité avec l’Alberta, le salaire minimum y est le plus bas du Canada (15 $/h), tandis que le salaire médian, toutes industries confondues, s’élève à 27 $/h. Comme partout dans les Prairies, le coût du logement augmente rapidement, en particulier pour les locations sur le marché. Bien que le logement ait toujours été très abordable en Saskatchewan et au Manitoba en particulier, les loyers augmentent au fur et à mesure que de nouveaux projets sont construits, qui peuvent donc contourner le plafond provincial habituel de 2 à 3 % sur les augmentations annuelles de loyer. En Saskatchewan, le coût d’un appartement à une chambre à coucher a augmenté de 13 % pour atteindre 1 262 $/mois entre novembre 2023 et novembre 2024, tandis que le coût moyen d’achat d’une maison a augmenté de 5,4 % (de 321 100 $ à 338 400 $).

4. Le Manitoba

Le taux de chômage du Manitoba est également inférieur à la moyenne nationale, à 5,8 %. Le salaire minimum n’est que légèrement supérieur à celui de l’Alberta et de la Saskatchewan, à 15,80 $, tandis que le salaire médian dans la province est de 25 $/h. Mais le loyer moyen d’un appartement à une chambre à coucher a augmenté de 10 % entre novembre 2023 et novembre 2024 pour atteindre 1 433 $, tandis que le coût moyen d’achat d’une maison a augmenté de 8,7 % au cours de la même période (passant de 328 564 $ à 374 552 $). À Winnipeg et dans les zones rurales de la province, les ouvriers continuent de contracter des prêts hypothécaires et d’acheter des maisons, accédant ainsi à une propriété pour la première fois, mais la fenêtre se referme définitivement compte tenu de l’inflation du coût de la vie. Les travailleurs parlent davantage de l’augmentation du coût des loyers et ont commencé à ressentir la pénurie de logements depuis la pandémie. Le taux d’inoccupation des logements du marché locatif à Winnipeg oscille autour de 1,5 %.

L’économie du Manitoba connaît une croissance lente de 1 %. Quelque 21 000 nouveaux emplois ont été créés au quatrième trimestre de 2024, dont 71 % dans l’industrie privée12. L’économie de la province est en grande partie agricole et 70 % des exportations totales sont destinées aux États-Unis, de sorte que les menaces de Trump concernant les tarifs douaniers suscitent de vives inquiétudes parmi les agriculteurs et les secteurs connexes qui facilitent les exportations13.

Cet automne, le tout premier traité avec les Métis de la rivière Rouge a été signé entre le gouvernement fédéral et la Fédération des Métis du Manitoba14. Il a été salué comme une véritable avancée économique et politique puisqu’il garantit aux Métis inscrits l’accès à des prestations en matière de santé et d’éducation similaires à celles dont bénéficient les « Indiens à statut ». Nous devons comprendre que ce traité fait partie intégrante de la stratégie actuelle visant à résoudre la question autochtone au Canada par l’assimilation, l’intégration dans les villes et la stratification des classes. Il mérite une analyse plus sérieuse de la part de notre organisation, au même titre que les nombreux règlements de revendications territoriales qui ont été soumis au système juridique et aux tables de négociation des traités au cours des dernières années.

Les travailleurs de Winnipeg ont le goût de la lutte et de nombreux travailleurs expriment clairement le besoin d’une organisation indépendante de classe, contre tout parti politique établi. Bien que nous n’entendons pas encore un esprit militant ou combatif fiable et constant parmi les travailleurs, c’est un esprit et une conscience que nous pouvons encourager à mesure que nous nous organisons plus efficacement et plus profondément dans la classe ouvrière.

5. L’Ontario

Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, reste fidèle à sa marque avec un autre coup médiatique clownesque, se positionnant en janvier 2025 pour sa réélection en se présentant comme étant prêt à résister à la guerre tarifaire de Trump, si nécessaire, alors que l’Ontario et d’autres gouvernements provinciaux, territoriaux et d’autres niveaux de gouvernement se préparent à cheminer à travers une crise économique de plus en plus grave.

Les perspectives pour la classe ouvrière de l’Ontario, qui se dirige vers une possible récession en 2025, sont sombres, étant donné qu’elles ne sont pas bonnes en l’état actuel des choses.

Le taux de chômage officiel est le plus élevé depuis 2017, à 7,6 %. Bien entendu, ce chiffre exclut les « travailleurs découragés » qui ont renoncé à chercher du travail, de sorte que le chiffre réel est beaucoup plus élevé. De nombreux ouvriers racontent une histoire similaire : ils ont postulé à des centaines d’emplois et n’ont reçu de réponse que pour un ou deux d’entre eux. Le « marché du travail tendu » de 2021-22 est mort depuis longtemps.

Les ventes manufacturières dans la province sont également orientées à la baisse, avec près de 4,5 % de moins qu’à la même époque l’année dernière15.

Les salaires moyens ont légèrement augmenté, ce qui correspond à l’augmentation du salaire minimum dans la province de 16,55 $/h à 17,20 $/h en octobre 2024, bien que cela n’ait pas compensé la perte de pouvoir d’achat subie par les travailleurs au cours des trois dernières années.

Le coût moyen des loyers a connu une légère baisse par rapport aux précédents sommets historiques vers la fin de cette année, mais dans l’ensemble, il a augmenté considérablement d’année en année dans la plupart des centres de population16. Malgré ces minuscules baisses de loyer, le gouvernement lui-même « estime officieusement » que 234 000 personnes dans la province sont sans abri17 — un pourcentage stupéfiant de 1,5 % de la population.

Les hôpitaux de toute la province font état de déficits budgétaires énormes (bien que probablement exagérés et sensationnalisés18) — en partie à cause du sous-financement délibéré de la part de la province, en partie à cause de l’augmentation des besoins en services, et en partie à cause du parasitisme de la direction — et des réductions substantielles de personnel semblent probables sans une lutte majeure pour les empêcher.

Le resserrement est clairement en cours, et des nuages sombres se dressent à l’horizon. Le premier ministre conservateur Doug Ford se positionne comme le champion de l’économie canadienne face aux menaces de tarifs douaniers et d’annexion du Canada par les États-Unis proférées par Trump, et il pourrait profiter de l’éclat de ces gestes grandiloquents pour s’assurer un nouveau mandat avec un gouvernement majoritaire. L’opposition, pour sa part, est tout à fait dépourvue d’inspiration et désorganisée, personne n’ayant vraiment le charisme, les antécédents ou le profil nécessaires pour lancer un défi crédible.

Pour cette raison, il y a à la fois un appétit pour la lutte et le changement, mais aussi une résignation déprimée chez de nombreux travailleurs. Il y a des éclairs du potentiel pour de la lutte de masse — Unifor organisant les 800 travailleurs d’un entrepôt Walmart à Mississauga, le réseau de soutien Naujawan et d’autres groupes d’étudiants et de travailleurs organisant et mobilisant dans des luttes prolongées contre les patrons exploiteurs et le gouvernement – mais pour l’instant, ce sont surtout des braises dans le vent.

Les luttes et la résistance massive des étudiants/travailleurs internationaux, en particulier de l’Inde, se développent depuis quelques années au Canada, surtout depuis que le gouvernement fédéral a modifié sa réglementation en matière de permis de travail en 2024 pour forcer des centaines de milliers de travailleurs à quitter le Canada. La décision du gouvernement fédéral de procéder à des déportations massives intervient après que ces travailleurs ont travaillé pendant des années dans tout le pays, tout au long de la pandémie et au-delà, en subissant une profonde exploitation et de nombreux abus. Image ci-dessus d’un campement de cinq mois à Brampton, Ontario, que ces travailleurs ont maintenu pour protester contre les récents changements de politique du gouvernement fédéral.

6. Le Québec

En 2024, le Québec a connu d’importantes luttes défensives de la part des travailleurs des secteurs privé et public, dont la grève massive du Front commun au début de l’année. Néanmoins, comme dans une grande partie du pays, les conditions de vie de la classe ouvrière au Québec sont en déclin. Par exemple, le coût moyen des loyers à Montréal, qui abrite la plus grande concentration de locataires de la province, a augmenté de 17,85 % au cours de l’année 2023, atteignant un sommet historique de 1 639 $/mois au premier trimestre de 2024. Malgré cela, le gouvernement de la Coalition Avenir Québec (CAQ) a jugé bon d’adopter une nouvelle loi permettant aux propriétaires de refuser les transferts de bail sans avoir à fournir de raison valable, mettant ainsi fin au seul mécanisme efficace de contrôle des loyers de la province.

Cette loi n’est qu’un exemple de ce que nous avons identifié comme le vaste ensemble de réformes régressives de la CAQ, qui comprend également des mesures ciblant les travailleurs de la santé, de l’éducation, de la construction, les bénéficiaires de l’aide sociale et divers autres secteurs de la classe ouvrière. Par exemple, dans le secteur de la santé, la CAQ a mis en place une nouvelle autorité centrale, Santé Québec, une société d’État qui est désormais à la tête des hôpitaux et autres établissements de santé de la province et qui opère dans le cadre d’un mandat prévoyant des coupes budgétaires massives dans tout le système. Bien que le gouvernement insiste sur le fait que ces coupes ne sont pas censées avoir un impact sur les services, les préposés aux patients ont déjà commencé à être licenciés dans divers établissements.

L’offensive du gouvernement de la CAQ contre la classe ouvrière peut être mise en contraste avec son amabilité envers les grandes entreprises. Par exemple, au cours des derniers mois de 2024, un nouveau scandale de dépenses a émergé lorsqu’il est apparu que le gouvernement avait investi 710 millions de dollars dans Northvolt, une multinationale fabriquant des batteries pour véhicules électriques qui avait des plans pour une usine près de Montréal, mais qui est actuellement en train de s’effondrer et qui semble revenir sur ses promesses. Dans ces conditions, il n’est pas surprenant que la cote d’approbation de la CAQ soit tombée encore plus bas que celle de Justin Trudeau.

La situation de la politique électorale bourgeoise au Québec doit être suivie de près au cours de l’année à venir. Alors que les élections provinciales ne sont pas prévues avant 2026 et que la CAQ jouit toujours d’une super-majorité parlementaire, le Parti Québécois (PQ) nationaliste a surfé sur une vague de sondages favorables et a réapparu comme le principal rival de la CAQ, promettant un nouveau référendum sur l’indépendance s’il remporte les prochaines élections. Pour faire face à ce nouveau défi, la CAQ a tenté de renforcer ses propres atouts « patriotiques », ce qu’elle ne peut faire, en tant que parti fédéraliste, qu’en attisant les pires formes de chauvinisme national, et en particulier, en faisant des immigrés musulmans des boucs émissaires. Le PQ a répondu de la même manière, en augmentant ses propres tendances chauvines pour défier la CAQ sur le terrain identitaire. En général, les deux partis ont adopté des positions culturelles et sociales conservatrices qui vont dans le sens de la dérive générale de la politique bourgeoise canadienne.

Bien que ces développements politiques délétères soient source de danger et de division, même au sein de la classe ouvrière, ils ne sont pas le seul aspect de la situation qui mérite d’être surveillé. Si la possibilité d’un nouveau référendum au Québec est maintenue jusqu’en 2025, les communistes du Canada devront se préparer à saisir l’occasion de façon nouvelle et créative. Un tel référendum, bien qu’il ne soit pas intrinsèquement progressiste étant donné la position actuelle du Québec en tant que l’une des deux nations dominantes du Canada, ouvrirait une crise politique majeure dans laquelle une action audacieuse et résolue pourrait réaliser des gains significatifs pour le mouvement révolutionnaire.

7. Les Maritimes

Commençons par la Nouvelle-Écosse, la province où le taux de pauvreté est le plus élevé du pays19 : au cours de l’année écoulée, le coût de la vie a augmenté de 6 % à Halifax et de 4 % dans le reste de la province20. Le salaire médian des professionnels, des ouvriers manufacturiers et des métiers a stagné à 35 $/h21, tandis que le salaire minimum, qui s’établit à un piètre 15,20 $/h, n’a augmenté que de 1,2 % au cours des quatre dernières années.

Pendant ce temps, un tiers des Néo-Écossais (et des Canadiens de l’Atlantique en général) gagnent moins de 20 dollars par heure, alors que le salaire de subsistance pour toutes les régions du Canada atlantique est de près de 25 $/h22. Ainsi, un Canadien de l’Atlantique sur trois gagne, au maximum, 20 % de moins que le salaire de subsistance.

Le taux de chômage en Nouvelle-Écosse est actuellement de 6,5 %, et de nombreuses personnes s’épuisent à remplir des centaines de demandes d’emploi, à distribuer des CV et à appeler des bureaux pour obtenir seulement quelques entretiens pour des emplois mal rémunérés23.

Les loyers ont augmenté de 12 % entre 2023 et 2024, malgré un plafonnement des loyers à 5 % dans la province. Le loyer moyen dans la province pour 2024 était de 1 628 $/mois pour un appartement ayant deux chambres à coucher. Les loyers élevés, un taux d’inoccupation de 1,1 % en 202324 et les fréquentes expulsions et rénovictions poussent de nombreuses personnes à devenir sans-abri25.

Un rapport de 2024 du directeur administratif du Conseil régional d’Halifax indique que :

La municipalité régionale d’Halifax (MRH) continue de lutter contre une crise croissante de l’itinérance et du logement. En date du 25 juin 2024, la liste nominative s’est allongée à 1 316 personnes. Dans les 4 emplacements désignés de la MRH, il y a 88 tentes ou structures, dans un espace qui peut en accueillir 30. En outre, il y a neuf tentes dans le parc de Northbrook, six dans le parc de Grafton Street, et de multiples campements dans de nombreux autres endroits.26

En juin 2024, 719 personnes ont été identifiées comme étant sans domicile dans l’est de la Nouvelle-Écosse. Cela représente une augmentation de 72 % par rapport au dernier comptage, effectué en 202127. Il s’agit certainement d’une sous-estimation.

Pendant ce temps, au Nouveau-Brunswick, Susan Holt, nouvellement élue à la tête du Parti libéral « progressiste », qui a succédé à Blaine Higgs, ancien dirigeant d’Irving Oil extrêmement impopulaire, promet un plafond de loyer de 3 % pour que la province reste « abordable », alors que les masses se font déjà saigner à blanc par les propriétaires de toute la province28.

Comme l’a montré la pandémie de la COVID-19, l’état du système de santé en Nouvelle-Écosse est désastreux, des décennies de sous-effectif et une privatisation croissante ayant entraîné une baisse significative de sa résilience et de sa capacité29. En raison du manque de personnel, les masses sont bloquées sur des listes d’attente de plusieurs mois pour des rendez-vous d’admission en santé mentale, plus de 13 % n’ont pas de médecin de famille et des personnes meurent en attendant d’être examinées dans les services d’urgence. Pendant ce temps, le Canada atlantique affiche les taux de cancer les plus élevés du pays30.

Le premier ministre progressiste-conservateur de la Nouvelle-Écosse (et célébrité des Paradise Papers) Tim Houston31 a été récemment réélu après avoir promis pendant sa campagne de « réparer » les soins de santé — ce qu’il veut dire, c’est que nous allons canaliser le budget vers la lutte contre les syndicats de la santé pour ouvrir la voie à une plus grande privatisation.

Récemment, après neuf mois de négociations houleuses, 9 000 travailleurs de la santé représentés par le SCFP, UNIFOR et le NSGEU ont conclu un accord avec NS Health après l’expiration de leur contrat en octobre 202332. De même, 10 000 enseignants de Nouvelle-Écosse ont conclu un accord après avoir menacé de faire grève33. Ces grèves font suite à la grève massive de 2021 des travailleurs du secteur public du Nouveau-Brunswick représentés par le SCFP, qui a mobilisé 22 000 travailleurs dans une province comptant (à l’époque) moins de 800 000 habitants34.

En 2023, un gigantesque incendie s’est déclaré dans une usine de recyclage exploitée par American Iron and Metal (AIM) dans le port de Saint John, brûlant pendant deux jours d’affilée et rendant de nombreuses personnes malades à cause de la fumée toxique qui enveloppait la ville. L’indignation publique a contraint le gouvernement du Nouveau-Brunswick à finalement révoquer la licence d’exploitation d’AIM dans le port, après des années d’explosions répétées à l’usine, qui ont secoué la ville et tué des ouvriers35.

Incendie de l’American Iron and Metal (AIM) au port de Saint John, au Nouveau-Brunswick, le 14 septembre 2023. Les pompiers locaux ont passé deux jours à circonscrire l’incendie avec environ deux millions de litres d’eau, eau qui aurait transporté des métaux et des produits chimiques de l’incendie dans le port et le sol de la région environnante.

Alors que les crises s’aggravent et que les contradictions s’aiguisent dans toute la région, les travailleurs des Maritimes ont montré qu’ils étaient prêts à lutter contre les oligarques et leurs représentants réactionnaires qui maintiennent les masses dans la misère. Mais c’est la tâche du Parti d’exploiter ce réservoir de résistance à son plein potentiel et de lui donner une direction révolutionnaire qui transcende les limites du mouvement spontané.

Conclusion: vers une année de lutte ouvrière indépendante

À travers le pays, les conditions objectives sont de plus en plus favorables aux luttes de masse et aux poussées révolutionnaires. Un ralentissement économique majeur en réponse à la guerre tarifaire imminente ne ferait que renforcer ces conditions de lutte. En réponse à cela, les révolutionnaires doivent réagir par des actions audacieuses, en consolidant leurs rangs en tant que révolutionnaires, en gagnant un nombre toujours plus grand d’ouvriers avancés et d’autres activistes révolutionnaires de masse à la lutte de masse et en conduisant les masses intermédiaires à l’escalade de la lutte de classe. Notre Parti a l’intention de maintenir le cap dans l’accomplissement de ces tâches en continuant à développer ses appareils internes et externes, en travaillant à devenir une organisation capable d’affronter toutes les branches de l’État et tous nos ennemis politiques. Alors que nous nous apprêtons à déployer notre travail durant l’année prochaine, nous appelons les révolutionnaires potentiels et les prolétaires conscients de leur classe à rejoindre le (N)CPC et à s’engager dans une vie au service du prolétariat et de la lutte pour le socialisme.

Aux militants qui restent en dehors des rangs de notre Parti, nous adressons nos salutations révolutionnaires et quelques conseils. Le mouvement socialiste légal et les autres factions de gauche doivent se garder de suivre l’une ou l’autre des ailes politiques de la bourgeoisie. De nombreuses organisations de ce mouvement ont tendance à tomber dans de telles déviations, qui ne peuvent qu’étouffer leur travail et les empêcher d’apporter une contribution positive à la lutte du prolétariat. Nous appelons les socialistes légaux à s’enraciner profondément dans la classe ouvrière, non pas simplement en poursuivant les postes de bureaucrates syndicaux, mais en plongeant dans la lutte sur le terrain et en s’y immergeant. Nous leur demandons de rejeter tout ce qui n’est pas une politique indépendante de la classe ouvrière. Nous leur demandons d’étudier les mouvements révolutionnaires prolétariens les plus avancés à travers le monde et d’en tirer des leçons, en particulier les guerres populaires maoïstes héroïques en Inde et aux Philippines. Enfin, nous les invitons à étudier les publications du (N)CPC, à prendre connaissance de nos points de vue et de notre stratégie, et à se rapprocher du travail de notre Parti qui prépare le renversement révolutionnaire du vieil État canadien.

À tous les travailleurs du Canada, unis par une exploitation commune et un ennemi commun à travers leurs différentes nationalités, nous souhaitons et travaillerons pour une année de victoires. Nous appelons notre classe à rejeter les mensonges de la bourgeoisie, à se tenir à l’écart des ailes « libérales » et « conservatrices » du capital et à lutter pour ses intérêts propres et indépendants. Nous serons à vos côtés dans vos batailles et construirons le nouveau monde qui doit jaillir du cadavre pourrissant du capitalisme-impérialisme si l’on veut éviter la guerre, le désastre climatique et une misère matérielle et morale toujours plus grande.

Salut rouge!

-Comité central du (Nouveau) Parti communiste du Canada, janvier 2025

Notes de fin

1 Nous n’incluons pas la Palestine dans cette liste, car, plutôt qu’une zone de friction entre différents impérialistes, la Palestine est la cible d’une opération « interne » de nettoyage ethnique de la part du régime colonialiste israélien, qui cherche à consolider sa stabilité interne et à acquérir de nouveaux territoires en éliminant la population palestinienne. L’AIAA soutient activement le régime israélien, car il représente l’une de ses principales bases de soutien dans la région, aux côtés des puissances régionales que sont la Turquie et l’Arabie Saoudite, tandis que l’Iran, la Syrie (jusqu’à l’effondrement du régime Assad) et les groupes armés qu’ils soutiennent entretiennent des relations étroites avec le néo-impérialisme russe.

2 La théorie du régime de contre-révolution préventive nous vient du (nouveau) Parti communiste italien et vise à décrire les méthodes utilisées par la bourgeoisie impérialiste depuis la Seconde Guerre mondiale pour neutraliser le mouvement communiste et la lutte des prolétaires. Il repose sur cinq piliers : maintenir le retard politique et culturel des masses, faire des compromis socio-économiques avec les demandes des masses tout en les enchaînant avec des obligations financières, augmenter la participation des masses en tant que subordonnés dans les institutions politiques bourgeoises, empêcher les masses de s’organiser de manière indépendante et leur donner des organisations (syndicats, partis, associations) sous le contrôle de la bourgeoisie, et réprimer les communistes de manière ciblée.

3 Toutes les sommes mentionnées dans ce texte sont en dollars canadiens, sauf si indiqué autrement.

4 Statistique Canada, Unemployment rate by province and territory, November 2024 (Disponible à l’adresse suivante : www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/241206/mc-a001-eng.htm/). Tous les chiffres portant sur le chômage mentionnés ci-dessous dans le présent document sont tirés de l’ensemble des données figurant sur ce lien.

5 Gouvernement du Canada, Current and Forthcoming General Minimum Wage Rates in Canada (15 janvier 2025). Disponible à l’adresse suivante : https://minwage-salairemin.service.canada.ca/en/general.html/. Tous les chiffres portant sur le salaire minimum mentionnés ci-dessous dans le présent document sont tirés de l’ensemble des données figurant sur ce lien.

6 Le salaire minimum fédéral s’applique aux employés travaillant dans les secteurs privés réglementés par le gouvernement fédéral, incluant les banques, les entreprises de télécommunications et les transports aériens, maritimes, ferroviaires et routiers. Il est ajusté chaque année le 1er avril en fonction de l’Indice des prix à la consommation (IPC) du pays.

7 Statistique Canada, Employee wages by industry, annual (10 janvier 2025). (Disponible à l’adresse suivante : www150.statcan.gc.ca/).

8 L’Association Canadienne de l’Immeuble, National Price Map (décembre 2024). (Disponible à l’adresse suivante : https://www.crea.ca/housing-market-stats/canadian-housing-market-stats/national-price-map/). Tous les chiffres portant sur l’inflation des logements mentionnés ci-dessous dans le présent document sont tirés de l’ensemble des données figurant sur ce lien.

9 Voir December 2024 Rentals.ca Rent Report sur Rentals.ca Tous les chiffres portant sur les augmentations des loyers mentionnés ci-dessous dans le présent document sont tirés de l’ensemble des données figurant sur ce lien.

10 Les mines, les carrières, le pétrole et le gaz représentent 25 % du PIB de la province, tandis que l’immobilier vient en deuxième position avec 10,4 %, suivi de l’industrie manufacturière avec 7,5 % et de la construction avec 7,4 %. Pour une répartition du PIB par industrie en Alberta, voir https://economicdashboard.alberta.ca/topics/gdp/ et pour plus d’informations sur les changements proposés par Danielle Smith, voir l’article de Drew Anderson sur http://www.thenarwhal.ca, Danielle Smith wants to nationalize the oil industry? 5 takeaways from a wild week in Alberta politics (2 décembre 2024).

11 Cryderman, Kelly et Carrie Tait, Alberta launches sheriff-led border patrol to boost security after Trump’s tariff pledge, The Globe and Mail (12 décembre 2024). Disponible à l’adresse suivante: http://www.theglobeandmail.com/canada/article-alberta-border-patrol-sheriffs-security/

12 Gouvernement du Manitoba, News Release – Manitoba | Manitoba Government Releases Second Quarter Report for 2024-2025 (16 décembre 2024). Disponible à l’adresse suivante : https://news.gov.mb.ca/news/index.html?item=66757

13 Gouvernement du Manitoba, 2024/25 Second Quarter Report: Fiscal and Economic Update (décembre 2024). Disponible à l’adresse suivante : https://gov.mb.ca/asset_library/en/proactive/20242025/second-quarter-report-december2024.pdf

14 Fédération des Métis du Manitoba, Red River Métis sign landmark Treaty, securing our right to self-governance (6 décembre 2024). Disponible à l’adresse suivante : https://www.mmf.mb.ca/mmf-spotlight/red-river-metis-sign-landmark-treaty-securing-our-right-to-self-governance

15 Statistique Canada, Manufacturing sales by industry and province, monthly (15 janvier 2025). Disponible à l’adresse suivante : https://www150.statcan.gc.ca/

16 Société canadienne d’hypothèques et de logement, Ontario – Rental Market Statistics Summary by Metropolitan Areas, Census Agglomerations and Cities (Octobre 2024). Disponible à l’adresse suivante : https://www03.cmhc-schl.gc.ca/

17 Ontario Aboriginal Housing Services, Ontario’s ‘unofficial estimate’ of homeless population is 234,000: documents (14 août 2024). Disponible à l’adresse suivante : https://www.ontarioaboriginalhousing.ca/

18 Sawyer Bogdan, Code red: How more Ontario hospitals are struggling with balancing the books (14 septembre 2025). Disponible à l’adresse suivante : https://globalnews.ca/news/10752713/ontario-hospitals-failing-balance-books-financial-challenges/

19 King, Megan et Alex Cooke, ‘Quite dire’: N.S. has the highest poverty rate in Canada, says new report, Global News (24 janvier 2024). Disponible à l’adresse suivante: https://globalnews.ca/news/10247945/united-way-report-poverty-ns-halifax/

20 Voir Christine Saulnier et Russell Williams, 2024 Living Wages for Newfoundland and Labrador, Nova Scotia, and Prince Edward Island: Closing the Gap between the Cost of Living and Low-Waged Employment (Août 2024), et Christine Saulnier et Kenya Thompson, Atlantic Canadians need a raise: One-third of workers earn less than $20 an hour (24 juillet 2024), tous deux des rapports pour le thinktank social-démocrate « Canadian Centre for Policy Alternatives » (Disponible à l’adresse suivante : http://www.policyalternatives.ca).

21 Statistique Canada, Employee wages by industry, annual (10 janvier 2025). Disponible à l’adresse suivante : https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/en/tv.action?pid=1410006401

22 Voir le rapport de Saulnier et Williams cité à la note de bas de page no20.

23 Statistique Canada, Labour force characteristics by sex and detailed age group, annual (10 janvier 2025) Disponible à l’adresse suivante : https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/en/cv.action?pid=1410032701

24 Statista Research Department, Rental vacancy rates in Nova Scotia from 2000 to 2023 (12 mars 2024). Disponible à l’adresse suivante: https://www.statista.com/statistics/198712/rental-vacancy-rates-in-nova-scotia-since-2000/

25 Cooke, Alex, Average rent in Halifax jumped by record-setting 11.9% in 2023: report, Global News (31 janvier 2024). Disponible à l’adresse suivante: https://globalnews.ca/news/10262491/halifax-average-rent-12-percent-jump/

26 Conseil régional d’Halifax, Homelessness Update July 2024 (9 juillet 2024). Disponible à l’adresse suivante: https://cdn.halifax.ca/sites/default/files/documents/city-hall/regional-council/240709rc1519.pdf

27 Community Action on Homelessness, The Affordable Housing and Homelessness Working Group: Research Projects, Plans and Homelessness Counts (2022). Disponible à l’adresse suivante: https://www.endhomelessnesstoday.ca/working-group

28 Rudderham, Hannah et Jacques Poitras, Liberals promise 3 per cent rent cap if elected, CBC News (23 septembre 2024). Disponible à l’adresse suivante: https://www.cbc.ca/

29 Voir Suzanne Rent, Shortage of respiratory therapists led to Life Flight being out of service: NSGEU (19 juillet 2024) et Yvette d’Entremont, Nova Scotia union says lives at risk due to staffing crisis in ultrasound services (1er août 2024), tous les deux provenant de The Halifax Examiner (Disponibles à l’adresse suivante : https://www.halifaxexaminer.ca/).

30 Kaiser, Leigha et Todd Battis, Atlantic Canada has the highest cancer rates in the country, 25-year study shows, CTV News (11 novembre 2022). Disponible à l’adresse suivante : https://atlantic.ctvnews.ca/atlantic-canada-has-the-highest-cancer-rates-in-the-country-25-year-study-shows-1.6149169

31 Le nom de Houston apparaît à plusieurs reprises dans les Paradise Papers, une fuite de 13,4 millions de documents détaillant des paradis fiscaux d’outremer. Houston a vécu aux Bermudes pendant 12 ans avant de retourner en Nouvelle-Écosse en 2007, et son nom apparaît en association avec au moins quatre entreprises dans l’ensemble des données.

32 Ettinger, Luke, Health-care unions reach tentative agreement with N.S. Health, IWK, CBC News (30 août 2024). Disponible à l’adresse suivante : https://www.cbc.ca/news/canada/nova-scotia/health-care-unions-tentative-agreement-nova-scotia-1.7309256

33 Nova Scotia teachers’ union’s strike vote pushes government to agreement, L’Étoile du Nord (24 avril 2024). Disponible à l’adresse suivante : https://thenorthstar.media/2024/04/nova-scotia-teachers-unions-strike-vote-pushes-government-to-agreement/

34 Thousands march to legislature in massive protest on Day 5 of CUPE strike, CBC News (2 novembre 2021). Disponible à l’Adresse suivante : https://www.cbc.ca/news/canada/new-brunswick/protest-legislature-cupe-strike-1.6234204

35 Voir Shane Magee, New Brunswick revokes licence for AIM’s Saint John scrapyard after fire (29 décembre 2023) et Hadeel Ibrahim, Dozens of complaints to province about AIM came years before massive fire, documents show (3 juillet 2024), tous les deux provenant de CBC News (Disponibles à l’adresse suivante : http://www.cbc.ca).

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