Annonce de La Voie Ferrée, le journal théorique du (Nouveau) Parti communiste du Canada

par l’Équipe éditoriale de La Voie Ferrée et le Comité central du (N)PCC, décembre 2024

Après plus de trois ans de travail acharné au cours de la période 2021-2024, le (Nouveau) Parti communiste du Canada ((N)PCC) est fier d’annoncer sa nouvelle publication théorique, La Voie Ferrée. Depuis 2021, le Parti a travaillé à (i) regrouper et rectifier ce qui restait des organisations maoïstes de construction de parti canadiennes des années 2000 et 2010, qui étaient en voie de s’effondrer1, (ii) consolider et former une nouvelle génération de révolutionnaires prolétariens, (iii) se lancer dans du nouveau travail politique parmi les masses, (iv) forger les esquisses d’une stratégie révolutionnaire et, enfin (v), rédiger, débattre et adopter Le Programme politique du (Nouveau) Parti communiste du Canada2, tout cela s’est concrétisé par (vi) le Congrès de fondation du (N)PCC en 2023. Tout en continuant de consolider et d’élargir ce travail préliminaire, le Parti se fixe maintenant comme nouvel objectif d’affiner et d’élargir les outils théoriques et idéologiques qui doivent être développés pour faire avancer la révolution prolétarienne dans ce pays. Par conséquent, le (N)PCC mandate La Voie Ferrée d’assumer les tâches d’élaboration théorique et de propagation idéologique pour le Parti, avec le double objectif de faire progresser une théorie de la révolution prolétarienne au Canada et de former une nouvelle génération de révolutionnaires prolétariens.

Lénine arrivant de Finlande et débarquant de son train à la gare de Saint-Pétersbourg, le 16 avril 1917, alors qu’il revient d’exil pour jouer son rôle dans l’avant-garde de la Révolution russe.

Remettre la révolution sur les rails

Du début des années 1980 jusqu’à il y a quelques années à peine, il n’y avait pas de parti révolutionnaire d’avant-garde dans ce pays, pas de chef d’orchestre de la révolution prolétarienne. Bien que les organisations du troisième mouvement de construction du parti au cours des deux décennies précédentes aient essayé sérieusement de remédier à cette situation, en accumulant de l’expérience critique en cours de route, certaines limites les ont empêchées d’avancer. L’absence de ce grand protagoniste de la scène politique au Canada — à la suite des grands revers du mouvement communiste international dans le monde après la mort de Mao Zedong et la restauration contre-révolutionnaire du capitalisme en Chine à la fin des années 1970 — n’a été rien de moins que catastrophique pour le prolétariat, ainsi que pour l’ensemble des masses populaires.

Les masses ont payé de leur sang, de leur sueur, de leurs larmes, de leurs vies et de leur avenir au cours de chaque décennie durant laquelle elles ont dû travailler et souffrir sans pouvoir brandir la menace d’une révolution prolétarienne. Les monstres les plus malfaisants que l’on puisse imaginer ont été laissés libres de hanter et de ravager la planète sans retenue, tout en revêtant insidieusement leurs masques de progrès. Par exemple, parmi les bailleurs de fonds du génocide à Gaza se trouvent certains des mêmes promoteurs de la politique « woke » faussement progressiste du Canada — au premier rang de ces caméléons, le premier ministre canadien Justin Trudeau.

Au cours de ces décennies de déclin populaire depuis le triomphe de la contre-révolution dengiste en Chine après 1978, les sociaux-démocrates, les révisionnistes, les réformistes, les trotskistes, les anarchistes, et même les libéraux radicaux et autres postmodernes de gauche, ont tous essayés d’initier, de diriger ou de tenter de diriger les masses à travers une période ou une autre de mécontentement populaire. Mais chacune de ces tendances politiques a échoué à arrêter ou à ralentir l’offensive de la bourgeoisie, tout comme elles ont échoué à construire ou à soutenir un mouvement révolutionnaire populaire contre les crises chroniques et aiguës du système capitaliste-impérialiste mondial en déclin. Pire encore, nombre de ces tendances ont inventé de nouvelles façons de faire des compromis, de capituler et de coexister avec le capitalisme-impérialisme, se dérobant totalement des tâches historiques auxquelles elles sont confrontées.

Pour être clairs, contre les courants régressifs du postmodernisme et de la réaction de droite, le peuple n’a pas eu besoin d’un parti d’avant-garde pour se rebeller au cours du dernier demi-siècle (sur ce point, nous pouvons être tout à fait d’accord avec les anarchistes). Nous avons vu de nombreuses explosions de mécontentement populaire et de résistance prolétarienne de masse ponctuer ces dernières générations de contre-révolution ininterrompue. Du soulèvement des Mohawks à Oka en 1990 (sans parler des affrontements militants autochtones ultérieurs à Burnt Church, au parc provincial Ipperwash et au lac Gustafsen), jusqu’aux manifestations antimondialistes de la fin des années 1990 et du début des années 2000, en passant par la résurgence du militantisme ouvrier au cours des dernières années et par le grand mouvement populaire pour la libération de la Palestine qui n’a cessé de remplir les rues au cours de l’année écoulée, les masses sont poussées à l’action spontanée — parfois remarquablement soutenue et déterminée — indépendamment de la présence ou de l’absence d’une direction de classe et d’une orientation politique viable. Ce dont les masses ont eu besoin et ce dont elles ont été privées, c’est un véhicule qui permet d’unifier et de guider leurs mouvements dans le cadre d’un processus révolutionnaire scientifique, stratégique et nécessairement conscient. Un tel véhicule est un véritable parti communiste prolétarien d’avant-garde, le seul capable de naviguer à travers les tours et les détours, les avancées et les reculs sur la route d’une prise de pouvoir populaire dirigée par le prolétariat. La Voie Ferrée pose les jalons théoriques qui permettront au (N)PCC de s’atteler sérieusement et sobrement à cette tâche monumentale.

Pourquoi « Voie Ferrée » ?

Pour plus d’une raison. C’est un mot d’ordre digne des intentions de notre Parti.

En tant que nom3, « voie ferrée » incarne un bon nombre des contradictions qui constituent ce pays et ses peuples, ayant autant de poids historique pour le prolétariat et les nations opprimées dans le développement du Canada que pour la classe dirigeante parasitaire de ce pays.

Les liens qui enchaînent

L’État canadien a été littéralement forcé de se former en 1867 pour couvrir les coûts du système ferroviaire transcontinental qui avait pour principal objectif l’unification et l’expansion des colonies britanniques d’Amérique du Nord, que l’impérialisme britannique poursuivait avec une intention et un dessein génocidaires. Après la guerre de 1812, la concurrence entre les Britanniques en Amérique du Nord et leurs rivaux yankees au sud a pris la forme d’une course à la conquête et à la colonisation des étendues encore vastes et non colonisées de l’ouest et du nord-ouest du continent. Le chemin de fer est devenu le principal moyen d’y parvenir.

Le Chemin de fer Canadien Pacifique (CP), l’un des plus grands projets d’infrastructure au monde à l’époque, a rassemblé les grandes classes antagonistes du système capitaliste-impérialiste émergent et les a opposées les unes aux autres de manière concentrée. D’une part, cette entreprise capitaliste monopoliste gargantuesque constituait l’épine dorsale du nouvel État canadien, mettant en place l’infrastructure squelettique pour la colonisation et le pillage de la moitié nord du continent et de ses peuples. D’autre part, le travail pénible et éreintant qu’exigeait cette voie transcontinentale a favorisé la formation du prolétariat industriel au Canada. Rien que sur les rails, un prolétariat industriel s’est constitué, composé de milliers d’ouvriers venus de Grande-Bretagne, d’Europe continentale et surtout des nations et pays opprimés. La plus grande partie de ces travailleurs, environ 17 000, venait de Chine, un pays qui subissait la domination de toutes les puissances impérialistes du monde à l’époque, et plus particulièrement des Britanniques (voir les « guerres de l’opium »). Après l’achèvement du chemin de fer, des dizaines, puis des centaines de milliers de travailleurs industriels ont été concentrés dans les industries extractives et manufacturières qui se formaient au sein du marché intérieur issu de cette entreprise coloniale.

Si le chemin de fer a accéléré l’industrialisation du Canada, il a également facilité la progression étourdissante de la colonisation et de l’oppression des peuples autochtones. Le CP a scellé le projet de construction de l’État canadien émergent en assurant l’entrée de la Colombie-Britannique dans la Confédération, tout en accélérant la dépossession des peuples autochtones par le déplacement forcé de nations entières jusqu’aux réserves (un processus qui a commencé sérieusement dans les années 1870), en particulier dans les Prairies. Dans le sillage du chemin de fer, le système génocidaire des pensionnats indiens, conçu pour démanteler les nations autochtones de l’intérieur, a contribué à accélérer la colonisation des territoires que la Grande-Bretagne n’avait jusqu’alors que revendiqués, mais pas encore effectivement conquis ou colonisés. Cette infrastructure de transport s’est avérée décisive pour faciliter la défaite de la Résistance du Nord-Ouest de 1885 que l’État canadien a réprimée en déployant 5 000 miliciens, ce qui a conduit à la défaite de la résistance et à l’exécution de son chef métis Louis Riel, entre autres. En comparaison, le nouvel État canadien a eu beaucoup plus de difficultés à réprimer la Résistance de la rivière Rouge une décennie et demi plus tôt, en 1869, avant l’achèvement du réseau ferroviaire transcontinental.

Le chef de la résistance métisse Louis Riel (au centre) entouré de conseillers et d’autres représentants du Gouvernement provisoire de la nation métisse, le 3 juin 1870. L’émergence du gouvernement provisoire métis, et la résistance de la rivière Rouge qui l’a précédé en 1869 constituent le premier défi majeur lancé à l’État canadien après la Confédération de 1867.

Outre la colonisation, la confédération et la contre-révolution, les financiers britanniques et la nouvelle bourgeoisie canadienne s’intéressaient tout particulièrement à l’accumulation de capital dans le cadre de la mise en place du réseau ferroviaire transcontinental. Le chemin de fer était alors et reste aujourd’hui (même s’il est complété par le reste de l’industrie logistique canadienne), un pilier de l’économie canadienne étant donné son penchant extractif4. Le Canada se classe maintenant parmi les superpuissances minières et énergétiques du monde, une caractéristique de son économie qui a aidé le Canada à obtenir et à maintenir son statut parmi les puissances impérialistes mondiales (bien qu’au deuxième rang et enfermé dans une alliance stratégique sous le commandement de l’impérialisme américain).

Les« navvies »5 prennent le contrôle

Pourtant, le rail n’a pas été exclusivement l’outil et l’arme de la classe dirigeante capitaliste-impérialiste. Comme Marx et Engels l’ont écrit dans Le Manifeste communiste, la bourgeoisie produit ses propres fossoyeurs, mais nous pourrions ajouter qu’elle leur fournit également bon nombre des d’outils et d’armes nécessaires pour creuser la tombe de la bourgeoisie.

Les rébellions autochtones dans ce pays nous ont montrés à maintes reprises à quel point les vastes infrastructures logistiques et énergétiques intérieures du Canada, pour la plupart non protégées, sont vulnérables aux perturbations populaires. Au début de l’année 2020, le peuple Wet’suwet’en s’est opposé au gazoduc de gaz naturel liquéfié Coastal GasLink qui était en train de traverser ses terres ancestrales non cédées, déclenchant des manifestations de solidarité et des blocages dans tout le pays, dont un blocus très important par les Mohawks de Tyendinaga sur le chemin de fer du CN.

D’autres mouvements de résistance populaire ont également déployé ces dernières années des tactiques de protestation sur les rails (et les routes). Nous pensons aux jeunes rebelles de Malton (une région prolétaire de Mississauga, juste à l’ouest de l’aéroport international Pearson de Toronto) qui, en juin 2020, ont bloqué une voie ferrée, un carrefour important et presque pris une autoroute après que la police de Peel ait tué un homme âgé souffrant de troubles mentaux, Ejaz Choudry; ainsi qu’aux blocages de voies ferrées et de routes et aux perturbations organisées par le mouvement populaire en faveur de la libération de la Palestine et contre le génocide à Gaza.

En remontant plus loin dans l’histoire du Canada, à une époque où le prolétariat était dirigé par une avant-garde révolutionnaire, il y eut aussi un temps où les travailleurs prirent les rails avec un zèle tout aussi insurrectionnel – non pas avec des barrages, mais dans des wagons.

En 1935, après des mois de protestation des chômeurs contre les conditions déplorables dans les camps de travail du Canada — appelés, par euphémisme, camps de secours pour les chômeurs — la Ligue d’unité ouvrière, dirigée par les communistes, passa à la vitesse supérieure avec sa Marche sur Ottawa (« On-to-Ottawa Trek »). La Marche était une escalade tactique audacieuse dans la lutte prolétarienne des chômeurs de l’époque, qui a vu plus d’un millier de travailleurs réquisitionner des trains de marchandises à Vancouver le 3 juin 1935 avec l’intention de faire converger des milliers de travailleurs militants vers la capitale du Canada. Bien qu’elle n’ait pas atteint Ottawa6, la Marche a fourni au prolétariat canadien une expérience inestimable dans l’affrontement avec l’État canadien7.

La somme de ces exemples révèle que les luttes populaires dans ce pays, toujours et encore, continuent de prendre conscience de la nécessité historique de contraindre nos ennemis de classe — de les mener sur la voie de la soumission. Il s’agit d’une vulnérabilité que l’État canadien et son appareil répressif connaissent très bien et qu’ils se sont efforcés de limiter au cours des dernières années.

Hors des rails

En 2013, dans le sillage immédiat du mouvement Idle No More et quelques années seulement après les mouvements de résistance autochtone et les affrontements qui ont eu lieu dans la Première nation d’Elsipogtog et dans la communauté haudenosaunee des Six Nations de la rivière Grand, l’un des principaux théoriciens canadiens de la contre-insurrection, Douglas Bland, a rédigé un rapport pour l’Institut Macdonald-Laurier, un think tank non partisan de la classe dirigeante au Canada, intitulé « Le Canada et les Premières Nations :coopération ou conflit ? »8 Dans ce rapport, Bland a analysé et mis en garde contre une « cohorte de guerriers » de plus en plus nombreuse au sein des populations autochtones privées de leurs droits et contre le risque d’ « insurrection » qu’elles représentent pour l’image du pays et pour ses vastes infrastructures sans défense. Bland a déploré que « l’ère de l’acceptation passive, au sein de la communauté Autochtone, de l’exploitation de [leurs] ressources est arrivée à sa fin » et que les protestations des autochtones au cours des années précédentes aient « transformé des situations nationales de maintien de l’ordre en… confrontation[s] internationale[s] ».

Avec une candeur surprenante, le rapport de Bland concède toutefois aux peuples autochtones la position morale pour avoir subi tant de générations d’oppression génocidaire de la part du gouvernement canadien, préparant ainsi le terrain pour les changements de politique coloniale qui allaient suivre avec le premier ministre Justin Trudeau et son gouvernement libéral. Mais ne vous y trompez pas : le rapport de Bland n’est pas un mea culpa libéral9. Plutôt, ce que ce contre-révolutionnaire de métier visait, c’était une toute nouvelle stratégie par rapport à la question nationale autochtone — Bland fait référence au Plan Marshall de l’impérialisme américain pour la reconstruction de l’Europe afin de nous donner une idée de l’ampleur de ce qu’il demandait10 — afin de mieux dissiper la menace existentielle que les Autochtones représentaient pour les intérêts de la classe dirigeante canadienne. L’un des aspects de ce plan consistait en « développer des moyens d’augmenter de manière significative les ressources pour protéger les infrastructures de transport vraiment essentielles du Canada dans les endroits vulnérables ». La nouvelle stratégie coloniale mise en œuvre par le gouvernement libéral de Justin Trudeau après son élection en 201511 découle directement des arguments politico-militaires énoncés par Bland quelques années auparavant.

Ces dernières années, de nombreux activistes ont pris conscience et condamné l’aspect sanglant et brutalement constitutif de l’histoire du Canada représenté par le chemin de fer. Mais ce que ceux qui sont le plus influencés par la postmodernité ne parviennent pas à comprendre, c’est que les forces de production ne sont pas des catégories morales ou de simples représentations symboliques. En revanche, nous, communistes, en tant que matérialistes dialectiques et historiques, sommes tout à fait d’accord avec ce que les plus hautes sphères du régime de contre-révolution préventive de ce pays nous ont commodément avoué dans le rapport Bland : la grande faiblesse pour la bourgeoisie qu’est cette vaste infrastructure brutalement mise en place — et la grande opportunité qu’elle représente pour le prolétariat et les nations opprimées.

Cependant, cette possibilité stratégique ne sera pas réalisée par une section du peuple ou une autre se soulevant en isolation. La réalité démographique de ce pays et son caractère multinational, comme l’affirme le Programme politique du (N)PCC, exigent que le prolétariat multinational agisse à l’unisson si nous voulons renverser la bourgeoisie impérialiste (plutôt que de se contenter d’une démonstration de force morale de temps à autre qui n’incommode que légèrement la bourgeoisie). Le prolétariat et les masses populaires de ce pays, qu’ils soient autochtones ou non, nous ont donné une histoire riche en résistance dont nous pouvons et devons nous inspirer si nous voulons orchestrer l’unité révolutionnaire multinationale des forces populaires qui sera nécessaire pour conquérir la révolution prolétarienne.

Dans cet esprit, nous ne devons pas négliger les traces de l’unité multinationale déjà ancrées dans ce continent, malgré les efforts réactionnaires dédiés à réécrire l’histoire populaire. Au XIXe siècle, des centaines de milliers d’Africains asservis ont fui l’esclavage dans le sud des États-Unis grâce au « chemin de fer clandestin », un réseau de refuges permettant aux esclaves en fuite de se rendre dans les États du nord, de l’autre côté de la ligne Dixie, en vue de leur émancipation. Les fugitifs se déplaçaient souvent de nuit, en suivant l’étoile du Nord pour se guider d’un refuge à l’autre. Des dizaines de milliers d’évadés sont allés plus loin et ont fait du Canada (ou ce qui allait devenir le Canada) leur destination finale. Ce chapitre de solidarité et de lutte contre l’exploitation et l’oppression est remarquable non seulement pour le rôle qu’il a joué dans la libération d’un demi-million d’Africains de l’esclavage rien qu’aux États-Unis12, mais aussi pour le rôle historique qu’il a joué en accélérant la disparition de cette institution hideuse des États-Unis, de l’hémisphère et du monde. Comme ce mouvement révolutionnaire clandestin de libération, le nôtre suit également une étoile du Nord — l’étoile du Nord du communisme, ce phare de la libération humaine totale — qui nous guide sur les traces de la révolution socialiste prolétarienne.

Harriet Tubman, l’une des plus grandes tacticiennes de guérilla et révolutionnaires du XIXe siècle, a ouvert les voies du « Chemin de fer clandestin » en suivant l’étoile du Nord.

Pour résumer :la ligne éditoriale de La Voie Ferrée sera guidée par les deux axes principaux du Programme politique du (N)PCC — la centralité ouvrière et la confédération socialiste multinationale — qui nous orientent vers la tâche de libérer à la fois les forces de production et les masses exploitées et opprimées qui sont actuellement piégées et contenues dans la prison des nations qu’est actuellement le Canada capitaliste-impérialiste.

Plans immédiats pour La Voie Ferrée

Passons maintenant des métaphores et des significations aux projets concrets : La Voie Ferrée cherche à devenir une forge théorique à la fois de la révolution prolétarienne au Canada et des révolutionnaires prolétariens. Pour ce faire, nous assumons le double mandat (1) d’élaboration théorique et (2) de propagation idéologique. En plus de publier des déclarations choisies du (N)PCC et de son Comité central, notre Équipe éditoriale développera et sollicitera du contenu original de la part des membres du (N)PCC, de ses partisans et de ses compagnons de route, allant du théorique et de l’analytique à des publications basées sur la recherche et d’autres types d’enquêtes, ainsi que des entrevues, des polémiques et toute autre forme de contenu littéraire, artistique et culturel que nous jugerons nécessaire pour remplir notre mandat. Il nous faudra peut-être quelques numéros pour mettre en œuvre la gamme complète de ces contributions, mais c’est notre plan. Ces contributions viendront s’ajouter à celles que l’Équipe éditoriale de La Voie Ferrée développera et déploiera avec sa propre voix éditoriale chaque fois que cela sera nécessaire à l’accomplissement de son mandat et sous la direction des lignes politiques du (N)PCC.

Suivant l’exemple donné par la précédente collaboration théorique du (N)PCC, kites, La Voie Ferrée sollicitera également des contributions d’autres camarades et organisations révolutionnaires à travers le monde afin de les mettre en conversation avec la révolution prolétarienne dans notre pays et de mettre nos membres et lecteurs en conversation avec les forces et les voix principales de la révolution prolétarienne internationale. Notre journal souhaite particulièrement établir des liens avec les forces révolutionnaires prolétariennes dans :(1) les pays qui font partie de ce que nous avons théorisé et commencé à appeler l’Alliance impérialiste anglo-américaine (ou « AIAA ») dirigée par les États-Unis, à laquelle l’impérialisme canadien est indéfectiblement attaché, avec le Royaume-Uni, l’Australie et la Nouvelle-Zélande; (2) les autres puissances impérialistes et puissances régionales qui y sont alliées (UE, Japon, Turquie, Inde, etc. ); et (3) les pays opprimés par l’AIAA et ses alliés, en particulier ceux où le capital impérialiste canadien est très présent et ceux qui ont d’importantes diasporas au Canada dont les classes populaires peuvent être mobilisées par l’anti-impérialisme et la lutte des classes en faveur de la révolution prolétarienne au Canada.

En ce qui concerne notre cycle de production, l’Équipe éditoriale a l’intention de publier au moins un volume au début de chaque année, et peut-être plus lorsque le contenu le justifie. Ces numéros de La Voie Ferrée seront complétés de temps à autre par des éditions spéciales sous le nom de Publications de La Voie Ferrée.

Le numéro 1 de La Voie Ferrée devrait paraître en janvier 2025 et contiendra, outre l’annonce de la création de notre journal, le Programme politique du (N)PCC (qui apparaît pour la première fois sous forme imprimée), une déclaration du Comité central et deux nouveaux articles substantiels défendant et développant la position du (N)PCC sur la centralité ouvrière, ainsi que sa stratégie et sa tactique en ce qui concerne l’organisation des travailleurs au Canada.

Plus tard en 2025, nous prévoyons de publier nos deux bilans majeurs (et attendus depuis longtemps) des deux camps du troisième mouvement de construction parti au Canada — celui de RI et du PCR-RCP — ainsi que d’autres bilans que nous avons préparés sur le deuxième mouvement de construction du parti, en particulier en ce qui concerne le Parti communiste ouvrier. Cette deuxième vague de construction de partis communistes et de montée prolétarienne au Canada a atteint des sommets qui dépassent d’au moins un ordre de grandeur l’état actuel de notre mouvement et nous ferons bien de continuer à tirer les leçons positives et négatives de cette deuxième tentative de révolution prolétarienne dans ce pays. À l’avenir, nous espérons qu’une reconnaissance plus approfondie des organisations révolutionnaires de la deuxième vague de lutte révolutionnaire prolétarienne au Canada (qui inclurait au minimum En Lutte !), ainsi que de toute la période révolutionnaire du premier Parti communiste dans ce pays dans les années 20 et 30, sera à notre portée. Nous n’avons pas encore de calendrier concret pour le lancement des projets couvrant ces expériences et ces périodes, mais nous considérons que ce travail fait partie intégrante de la synthèse de l’histoire de la révolution prolétarienne au Canada.

Suite à la publication de ces projets en cours de développement (ou peut-être en parallèle, selon la situation), nous commencerons à publier une série d’autres travaux de recherche, d’enquête, d’élaboration théorique et de réflexion stratégique que des camarades de notre Parti et de son entourage ont préparé et fait circuler dans nos rangs au cours des trois dernières années.

Enfin, nous serions négligents si nous ne reconnaissions pas les antécédents théoriques et idéologiques immédiats de notre nouvelle revue : Arsenal, Uprising et kites. Quelles que soient les limites ou les déviations de telle ou telle ligne, de tel ou tel article, de tel ou tel auteur, dans ces projets théoriques antérieurs, il convient de noter que nous ne partons pas de zéro et que nous disposons de toute une génération de théories communistes sérieuses et significatives et de travaux idéologiques qui nous précèdent et qui continueront à servir de points de référence importants à l’avenir — en particulier kites, qui a été pendant plus de deux ans sous la co-direction du (N)PCC.

La Voie Ferrée sera hébergé sur le site web du (N)PCC (www.ncpc-npcc.ca) dans une section dédiée du site. Des copies imprimées seront bientôt disponibles à l’achat chez Kersplebedeb à l’adresse http://www.LeftWingBooks.net.

Si vous êtes communiste au Canada, si vous appréciez ce que vous lisez dans La Voie Ferrée et ce qui sort du (N)PCC, et si les crises du système capitaliste-impérialiste mondial qui saisissent le monde vous obligent à vous plonger dans la cause révolutionnaire prolétarienne, alors montez à bord ! Si vous avez des questions d’ordre théorique ou idéologique, ou si vous souhaitez soumettre une proposition à La Voie Ferrée, envoyez-nous un courriel à railroad[point]journal[arobase]proton[point]me. Si vous souhaitez soutenir ou rejoindre le (N)PCC et en savoir plus sur la manière dont vous pouvez vous impliquer, contactez directement le Parti à ncpc-npcc[arobase]protonmail[point]com.

1 Il s’agit du Parti Communiste Révolutionnaire du Canada (PCR-RCP) et de Revolutionary Initiative (RI), deux organisations distinctes avec des lignes distinctes qui se développèrent et existèrent en parallèle au Canada durant les années 2006-2020 environ.

2 Le Programme politique a été diffusé publiquement en janvier 2024.

3 Ainsi qu’en tant que verbe pour l’équivalent anglais « railroad ». (Note de la traduction)

4 Actuellement, environ la moitié des exportations annuelles du Canada, quelque 350 milliards de dollars en marchandises, sont transportées à travers le pays par chemin de fer.

5 « Navvy » est du vieux jargon britannique désignant les travailleurs manuels non qualifiés, en particulier ceux travaillant sur des projets d’infrastructure de grande envergure.

6 À mesure que les marcheurs rassemblaient de plus en plus de travailleurs tout au long de leur voyage vers l’est, le nombre total de ceux qui étaient entassés dans les wagons et montés sur les rails atteignit 2 000 personnes lorsqu’ils arrivèrent à Régina le 14 juin 1935. Les marcheurs n’allèrent cependant pas plus loin, car ils furent arrêtés sur ordre du premier ministre Bennett. Après une période de négociations qui n’aboutit à aucune avancée pour le mouvement des chômeurs, une manifestation fut organisée à Régina le 1er juillet. Elle fut attaquée par des escouades de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) qui essayaient d’arrêter les principaux organisateurs de la manifestation. Ce que l’on a appelé « l’émeute de Regina » a fait deux morts, des centaines de blessés et causa 130 arrestations.

7. Il est honteux que les réactionnaires d’extrême-droite et les populistes de droite puissent aujourd’hui, dans le sillage du mouvement des Convois de la Liberté du début 2022, revendiquer le monopole de cette mentalité de siège-sur-la-capitale. Il est grand temps que les communistes se réapproprient cette audace. Pour un compte rendu communiste du mouvement de droite « Convoi de la liberté » qui a convergé vers Ottawa au début de 2022, voir « War in the enemy’s camp : An investigation into the ‘Freedom Convoy’ movement » dans le kites #7. Une caractéristique remarquable de ce projet d’investigation sociale est la netteté avec laquelle son analyse des événements et de la composition des manifestations s’écarte des dogmes gauchistes dominants et déconnectés sur l’ensemble du mouvement (qui étaient, de manière révélatrice, identiques à la position du gouvernement fédéral de Trudeau sur le mouvement du Convoi de la liberté).

8 Disponible à : macdonaldlaurier.ca/files/pdf/2013.01.05-MLI-Canada_FirstNations_BLAND_vWEB.pdf

9 Ce mea culpa n’interviendra que quelques années plus tard, sous la forme de la politique trompeuse de « réconciliation » mise en place par le gouvernement fédéral de Justin Trudeau après 2015. Le rapport de Bland pour l’Institut Macdonald-Laurier a au moins contribué à faire évoluer le consensus de la classe dirigeante vers la « réconciliation » en présentant un argument politico-militaire convaincant en faveur de celle-ci.

10 Ce rapport était véritablement un signe avant-coureur, affirmant que la clé pour « désarmer la cohorte des guerriers » serait « un vaste programme économique et social national », à « mettre en œuvre immédiatement », consistant, entre autres, en « un vaste programme de réinstallation des Premières Nations » (c’est-à-dire le retrait des autochtones de leurs terres ancestrales riches en ressources), qui pourrait être réalisé avec la promesse d’emplois, de soins de santé et d’opportunités d’éducation en dehors des réserves (p. 39-40).

11 Pour un compte rendu contemporain de la stratégie coloniale du Canada contre les peuples autochtones depuis l’élection de Justin Trudeau — que les mantras religieux de la « reconnaissance des terres » libérale et la politique fallacieuse de la « réconciliation » occultent effectivement — voir l’entrevue et la soumission écrite du vétéran de l’époque du Red Power Ray Bobb, qui ont été publiées dans kites en ligne en août 2023 (présentement disponibles sur kites-journal.org et qui seront republiées par La Voie Ferrée à l’avenir). Ceci étant dit, nous devons également préciser que si les positions et prescriptions spécifiques proposées par Ray Bobb concernant la question nationale autochtone méritent certainement d’être étudiées et prises en considération aujourd’hui par les communistes, il ne s’agit pas d’une question réglée pour le (N)PCC et qu’elle nécessite davantage d’enquêtes, d’expériences pratiques et de luttes.

12 Ce chiffre élevé est une estimation du nombre d’esclaves africains qui se sont échappés dans toutes les directions.

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